L’histoire continue à Saint-Leu-la-Forêt ! (2/3)

Alors ça y est, Saint-Leu-la-Forêt ça vous dit quelque chose ? Ça tombe bien, car notre balade dans le village n’est pas finie ! Aujourd’hui VOX vous emmène au sein même de l’église du village : l’église de Saint-Leu-Saint-Gilles. Le guide c’est toujours notre fidèle rédacteur Quentin. 

Une église chère au cœur des Bonaparte !

La première église de Saint-Leu est construite avec son cimetière sur la colline du village ! Au cours du XIXème et du XXème siècle, des découvertes de sarcophages et de sépultures médiévales datent les fondations au XIIe siècle. C’est ici qu’on été enterré le comte Mathieu de Montmorency et de son épouse, Aiglantine de Vendôme. Puis en 1686, l’église (en hauteur) du village est détruite. 

Rapidement, un sanctuaire occupe l’emplacement de l’église actuelle, située au cœur du village. Il sera consacré le 7 novembre 1690 ! (on notera que sa nef unique, faite d’un chevet plat orienté vers le nord, est en contradiction avec la tradition qui suggère une orientation vers l’est).

Le 16 juillet 1804, Louis Bonaparte (frère aîné de Napoléon Bonaparte et futur roi de Hollande), et son épouse Hortense de Beauharnais, font l’acquisition des deux châteaux du village érigés au début du XVIIe siècle. Ils ordonnent la démolition de l’un des châteaux pour former un parc d’environ quatre-vingt hectares. L’attachement de Louis Bonaparte est très fort ! Et pour cause, mort en Italie le 25 juillet 1846, son corps est inhumé à Saint-Leu le 27 septembre 1847, aux côtés de ses deux premiers fils et de son père, Charles Bonaparte. 

Le 17 mars 1849, le prince-président Charles-Louis-Napoléon Bonaparte (fils de Louis et futur empereur Napoléon III) est en visite au village de Saint-Leu. Mais surprise, il découvre une église en piteux état… Il missione alors l’architecte Eugène Lacroix à la rénovation de l’édifice. Symboliquement, la première pierre est posée par l’abbé Masson (curé de la paroisse) le 24 février 1851. Ainsi, huit mois plus tard, la nouvelle église est érigée. Rapide Monsieur Lacroix !

Elle est consacrée le 31 octobre 1851 par Mgr Jean-Nicaise Gros, évêque de Versailles, et en présence de Napoléon III (tout de même !). 

Une architecture très branchée XIXe !

En effet, l’architecture romantique de l’église Saint-Leu-saint-Gilles a marqué son siècle. Dans son œuvre, Eugène Lacroix s’inspire des édifices italiens d’avant Renaissance. Prenons par exemple l’église Saint-Apollinaire de Ravenne du début du VIe siècle. Ainsi, l’église se caractérise par le clocher séparé du corps principal de l’église, le plafond en charpente de la nef et des bas-côtés, et le plan basilical (désigne un plan en longueur, dont la salle centrale est entourée d’une colonnade qui soutient la couverture). Cela offre à l’église Saint-Leu-Saint-Gilles une singularité remarquable dans le Val d’Oise. Alors, il y a de quoi en être fier ! 

Ensuite, le portail central, légèrement courbé, est orné de rosaces et de pampres entrelacés (branche de vigne avec ses feuilles et ses grappes). Ici, un hommage évident est rendu aux vignerons qui ont longtemps fait la renommée de Saint-Leu-la-Forêt. Au dessus de ce même portail, Le Christ en Majesté est assis, entouré des Saints Évangiles. À sa gauche : Saint-Gilles et sa biche. À sa droite, Saint-Leu semble bénir l’église, dont le clocher est curieusement inversé.

Bon, les choses sérieuses commencent. Rentrons un peu dans le détail ! 

Au-dessus des portes des bas-côtés, on retrouve deux images fortes. À l’est, un pélican entouré de ceps de vigne nourrit ses petits avec son propre sang. À l’ouest, l’agneau pascal est entouré d’épis de blé. Ces images sont accompagnées de citations tirées de l’Évangile : « Je suis la lumière du Monde », « Aimez-vous les uns les autres », et « Le pain que je vous donnerai, c’est ma chair ». Ces passages symbolisent le pain et le vin de l’eucharistie. Et puis, bien sûr, on retrouve La Vierge consolatrice des affligés sur le tympan de la porte à l’ouest. 

 

Encore quelques derniers détails non négligeables 

Les contreforts qui soutiennent le sommet du clocher créent l’illusion que sa structure s’affine. Ensuite, au-dessus des huit fenêtres cintrées, une flèche s’élève, couronnée de frontons triangulaires sur chacune de ses quatre faces et encadrée de pinacles, adoptant ainsi un style rhénan.

Pour la parenthèse, ce style est originaire des régions riveraines du fleuve Rhin en Europe. Véritable emblème du Moyen Âge et de la Renaissance, il distingue par l’emploi de motifs comme ici les frontons triangulaires, les pinacles, les arcs brisés, et les voûtes en croisée d’ogives. (Voilà, c’était la petite parenthèse de la rédac !) 

Pour finir, lorsqu’on rentre dans l’église on retrouve deux statues : une de Saint-Joseph le patron des charpentiers et une de la Vierge. On peut dire que c’est un « classique » dans une église ! 

Napoléon est là, jusque dans la déco ! 

En effet, dans le chœur se dresse une sculpture de 6 mètres de haut érigé en l’honneur de Louis Napoléon, et à l’initiative de … Napoléon ! (évidemment). Elle sera inaugurée par Napoléon III le 10 juin 1862. En revanche, disons le, c’est un véritable cadeau qu’il nous fait là. Ainsi, l’œuvre est faite en marbre blanc de Carrare (demande faite par Louis dans son testament). La sculpture a été réalisée par Louis-Messidor Lebon Petitot sur les dessins du peintre Leloir et avec l’aide de l’architecte Antoine-Martin Garnaud. L’artiste Petitot a consacré près de quinze ans à ce travail. Autant dire qu’elle avait intérêt a être parfaite cette œuvre ! 

De part et d’autre de la statue de l’empereur, on retrouve les statues de la Piété et de la Charité surmontées de l’aigle impérial. Aussi, derrière le socle, quatre anges, avec des visages tournés vers le ciel dans une posture recueillie, s’élèvent vers le ciel. Ces petits détails viennent rappeler la nature sainte des lieux. Et ça, ça nous plaît ! 

Pour finir, cerise sur le gâteau, chaque vitrail porte l’empreinte du «N» napoléonien inscrit dans un cercle perlé.

Alors maintenant, vous en êtes témoins ; l’église Saint-Leu-Saint-Gilles est un petit bijou architectural dont les trésors se cachent dans les détails. 

Pour ma part, je vous donne rendez-vous prochainement afin de poursuivre notre visite de l’église Saint-Leu-Saint-Gilles où gîssent quelques personnalités qui ont marqué notre histoire de France.

Votre serviteur revient bientôt… QM.

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Vous verrez, VOX a encore de belles histoires à vous raconter sur notre beau patrimoine français !

Rédaction : Quentin MEJEAN

Correction : Zoé ALLEMAND

 

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